Qui sont-ils ?

L’histoire du loup (Canis lupus) a commencée il y a plus longtemps que la nôtre[U1] (Homo sapiens) dont les premières traces sont datées de 100 000 ans. Il semble que les loups soient apparus en Eurasie il y a environ 800 000 ans.

Le loup fait partie du genre des canidés, tout comme le coyote (Canis latrans), le chacal (Canis aureus) ou encore le chien (Canis familiaris). Aujourd’hui toutes les espèces du genre Canis sont interfécondes et leur descendance viable. Elles sont le résultat d’une longue évolution qui continue encore aujourd’hui. Actuellement les différentes sous-espèces de Canis lupus occupent tout l’hémisphère nord et une partie de l’Afrique du Nord. Il n’existe pas une seule espèce de loup mais bien plusieurs et de nombreux débats sur leur identification agitent encore aujourd’hui les scientifiques (ex. Le chacal doré : Canis aureus lupaster pourrait être un loup).

Concernant son régime alimentaire, le loup est un carnivore. Ce grand prédateur (poids > 21,5 kg) « opportuniste », se nourrit principalement d’ongulés sauvages (chamois, chevreuil, mouflons...) comme le révèle l’analyse des fèces et le suivi des carcasses prédatées en France (source : programme prédateur-proie ONCFS). Mais il s’intéresse également à des proies plus réduites comme le lièvre, la marmotte ou divers rongeurs. Il s’attaque aussi au animaux domestiques dont 95% sont des ovins. Le taux de réussite à la chasse étant faible (1 tentative sur 10), le loup est capable de jeûner plusieurs jours.

D’une grande plasticité écologique, les loups en général évoluent dans des habitats très variés : montagnes, forêts, déserts… Souvent nous imaginons les loups dans des contrées sauvages, loin de toutes habitations ou infrastructures humaines. C’est oublier qu’il est le premier animal à avoir été domestiqué, et selon les hypothèses actuelles, c’est lui qui se serait approché des humains. Au Paléolithique supérieur, il aurait évolué entre les installations de notre espèce… pourquoi s’étonner de les voir aujourd’hui à proximité des cabanes d’estives ou des villages ? Le loup conserve une certaine crainte de l’humain mais pas de ses aménagements. Tout comme les renards, les cerfs ou les sangliers, les loups s’habituent à l’environnement anthropisé.

Ces loups doués pour la survie font partis des espèces les plus représentatives de la sociabilité. Ils vivent le plus souvent en groupe familiale, la meute. Pendant longtemps l’organisation très hiérarchisée observée en captivité (mâle et femelle alpha, beta, …) a été considérée comme une généralité. Mais la science progressant, l’organisation sociale de ces animaux s’est révélée plus complexe et cette hiérarchisation n’est pas applicable aux meutes sauvages (excepté pour les supermeutes). En général la meute est constituée comme une cellule familiale : d’un couple reproducteur, ses louveteaux et parfois des individus issus des portées des années précédentes. En Europe, une meute rassemble en moyenne 2 à 6 individus et peut atteindre temporairement 8 à 12 spécimens sur un territoire moyen de 200-350 km², en fonction de la tranquillité et de l’abondance de nourriture (proies sauvages).

Le couple "dominant" se reproduit une fois par an, la mise bas a lieu en avril-mai après neuf semaines de gestation. Sur une portée de 4 à 6 louveteaux seuls 2 ou 3 survivront au premier hiver. En milieu naturel, l’espérance de vie peut atteindre 9 à 12 ans (le record est de 14 ans), mais ne dépasse généralement pas 5 ans. Les jeunes loups (subadultes) quittent le groupe en quête d’un nouveau territoire, à la recherche de nourriture et d’un alter ego pour fonder une nouvelle meute. Par ce phénomène naturel de dispersion, lentement l’espèce étend son aire de répartition.

Suite à nos observations de terrain dans le cadre du projet CanOvis, il semblerait que la biologie de l’espèce varie en milieu pastoral et diffère de celle classiquement observé en Amérique du Nord. Là-bas la présence de proies potentielles y est beaucoup moins importante. Les subadultes restent prêts des reproducteurs expérimentés, la chasse en groupe est alors plus efficace. Mais dans un système pastoral, les proies relativement “faciles” manquent moins ! Les subadultes, délaissés par le couple reproducteur s’occupant des plus petits, seraient plus enclins à aller prédater seuls ou en sous-groupes les troupeaux du secteur. Cette organisation “inédite” de la meute en milieu pastoral multiplie les comportements déprédateurs du groupe de loups et engendre une « pression loup augmentée “ vis-à-vis des troupeaux concernés

Les rapports entre l’homme et le loup sont très complexes et quasi systématiquement conflictuels. Aujourd’hui, de par le monde, l’homme représente la menace principale pour la survie de certaines populations lupines. Discret et champion de l’adaptation, le loup s’accommode en Europe occidentale à la pression humaine localement forte (urbanisation, voies de communication, chasse, agrosylviculture …) Il est ainsi capable de s’installer et se développer au plus près des populations humaines et de leurs activités (des stations de ski aux plaines agricoles).


Vidéos à visionner :

Pour en savoir plus sur le loup :

  • Jean-Marc Landry, 2017. Le loup, Delachaux et niestlé.
  • Xiaoming Wang et Richard H.Tedford, 2008. Dogs : Their Fossil Relatives and Evolutionnary History, New York, Columbia University Press.

Sources :

Gaubert P., Bloch C., Benyacoub S., Abdelhamid A., Pagani P., Adéyèmi Marc Sylvestre Djagoun C., Couloux A., Dufour S., 2012, Reviving the African Wolf Canis lupus lupaster in North and West Africa: A Mitochondrial Lineage Ranging More than 6,000 km Wide, PLoS ONE 7(8): e42740 : https://doi.org/10.1371/journal.pone.0042740

Vandermeersch B., Homo sapiens, Encyclopedia Universalis : https://www.universalis.fr/encyclopedie/homo-sapiens-sapiens/

Aggarwal R.K., Kivisild T., Ramadevi J., Singh L., 2007. Mitochondrial DNA coding region sequences support the phylogenetic distinction of two Indian wolf species

https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1439-0469.2006.00400.x

Rueness EK, Asmyhr MG, Sillero-Zubiri C, Macdonald DW, Bekele A, Atickem A, et al. (2011) The Cryptic African Wolf: Canis aureus lupaster Is Not a Golden Jackal and Is Not Endemic to Egypt. PLoS ONE 6(1): e16385 : https://doi.org/10.1371/journal.pone.0016385

Qui sommes nous ?

L’IPRA (Institut pour la Promotion et la Recherche sur les Animaux de protection) a été créé en 1997 par Jean-Marc Landry, biologiste et éthologue, à la suite du retour du loup en Suisse et l’introduction des premiers chiens et ânes de protection.

Son objectif ? Trouver des solutions adaptées pour permettre une cohabitation durable entre le pastoralisme et les carnivores.

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