Résumé du projet 2013-2018
Face à l’augmentation régulière des dommages aux troupeaux liés à la prédation par le loup en France et face au manque de connaissances effectives sur ce prédateur dans le milieu pastoral, nous avons lancé en 2013 le projet de recherche « CanOvis ». Son objectif était de faire progresser les outils et stratégies de protection des troupeaux en étudiant les relations et interactions entre les loups, les troupeaux et les moyens de protection, notamment les chiens de protection des troupeaux (CPT).
Durant 6 saisons estivales nous avons suivi plusieurs unités pastorales ovines en zone de présence permanente de loups dans les Alpes du Sud françaises. Grâce à l’imagerie thermique, nous avons pu analyser les fréquentes interactions nocturnes entres les loups, les troupeaux et leurs systèmes de protection.
Le nombre important « d’événements loup » récoltés met en évidence d’une part la grande promiscuité entre les loups et les systèmes pastoraux qui in fine partagent le même territoire et d’autre part que les attaques et dommages constatés au fil du temps ne sont que la partie émergée de l’iceberg que représente l’ensemble des relations et interactions qu’ils entretiennent sur ce territoire. Ainsi, nos résultats permettent de réduire les divergences entre les représentations humaines sur le Loup et la réalité de ses comportements lorsqu’il évolue en milieu pastoral. Ils suggèrent par ailleurs que la protection fonctionne d’une façon générale. Mais, telle qu’elle est déployée jusqu’ici elle ne fonctionne pas pour tous les loups, car il n’existe pas un loup générique mais des loups avec des personnalités différentes, un intérêt inégal pour le bétail et des réponses contrastées face aux mesures de protection.
Nos observations nous ont permis de préciser un peu plus le modèle comportemental du loup en milieu pastoral, notamment en proposant un nouveau concept éthologique qui décrit des modes d’évolution. Ce modèle illustre clairement que le facteur loup est l’une des pièces maîtresses à considérer pour faire évoluer la protection des troupeaux. Ainsi, au prisme de ce facteur loup, nous proposons une relecture de la vulnérabilité d’un troupeau, un nouveau modèle « chien de protection » et plus généralement, une autre approche du principe même de mise en protection et de gestion du risque lié à la prédation que nous avons redéfinit à l’issue de ces travaux dans un concept plus global de gestion du risque loup.